Qui ne connait pas Thiers comme capitale mondiale de la coutellerie et ses couteliers baptisés les « ventres jaunes » ? Mais les coutelières dans tout ça ?
Cette exposition très documentée, notamment grâce aux archives du fonds documentaire du musée de la coutellerie à Thiers, retrace l’histoire des femmes coutelières rentrées peu à peu dans les ateliers avec la montée de l’industrialisation au XIXe siècle et davantage encore au XXe siècle.
Mais, leur présence reste rare puisqu’un rapport de l’instruction du travail datant de1884, fait état de 8 100 femmes soit un tiers des effectifs.
Quant aux postes occupés, les femmes sont tour à tour monteuses, perceuses, par exemple, travaillant souvent à domicile, en famille et en complément à d’autres activités. Les tâches confiées aux coutelières sont le plus souvent délicates et nécessitent de la minutie.
Cependant, certaines d’entre elles occupent des postes beaucoup plus difficiles, notamment dans les rouets, à l’émouture, au polissage (correspondant aux opérations de finissage du couteau) et même dans les forges pour découper les lames.
Les perspectives d’évolution sont inexistantes. La place de la femme dans le monde de la coutellerie verra un virage à la fin des années 1980-1990 où elles occupent des postes importants et deviennent cheffes d’entreprise. C’est le cas par exemple de Claudine Dozorme, Magali Soucille ou encore Caroline David-Brossard qui ont réussi à s’affirmer dans un domaine très masculin.
Pour sa part, Claudine Dozorme s’est associée avec son père Claude en 1990. Deux ans plus tard, elle sera gérante à part entière de l’entreprise familiale fondée par son arrière-grand-père en 1902 à La Monnerie.
Porteuse d’une tradition ancestrale, Claudine Dozorme a eu à coeur de réintégrer toutes les étapes de la fabrication du couteau au sein même de son entreprise (à l’exception du traitement thermique). Ainsi, la coutelière a gagné son pari de conserver les secrets de fabrication tout en misant sur l’innovation.
Pour l’occasion, Claudine Dozorme a répondu aux questions du portrait 100 % tranchant :
 
– Quelques mots sur cette expo consacrée à la coutellerie au féminin :
 
Un écrin tel que la Cité des couteliers est un lieu rêvé pour mettre en avant le rôle des femmes dans l’histoire de la coutellerie thiernoise : 6 femmes, 6 entreprises, 6 parcours, 6 tranches d’âges, 6 styles, 6 personnalités différentes et pourtant si complémentaires et complices qui tranche dans un milieu qu’on aurait pu imaginer être l’apanage des hommes.
 
– La coutellerie en 5 mots : utile, alchimique, tranchante, personnelle, intemporelle.
 
– Plus beau souvenir de coutelière :
Lorsque je vais dans un restaurant et que je découvre par hasard qu’ils mettent mes couteaux sur leurs tables.
 
– Couteau préféré de ta fabrication :
Mon couteau secret.
 
– Dernier projet de réalisation de couteau :
Mon set nomade liner + Forkspinner créé pour les randonneurs ou les citadins qui déjeunent au bureau.
 
Une belle expo à voir à la cité des couteliers, 1 rue Conchette à Thiers, jusqu’au 19 juin prochain.